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Protestation pour la défense de l'Internet libre - 28/01/2012 - Besançon

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Vous avez tous probablement entendu parler ces derniers jours de la fermeture du site "méga upload" et des "Anonymous", et peut-être aussi des lois ACTA...

Si à première vue il est question d'Internet et de piratage, les enjeux sont en réalité bien plus profonds et concernent notre vie à tous, aussi bien dans le domaine virtuel que le domaine réel.

En effet, il ne faut pas se fier à la façon caricaturale dont ces questions ont étés traités par certains médias grands public. Sous couvert de vouloir défendre la création culturelle contre les méchants pirates, ACTA, les Accords Commerciaux Anti-Contrefaçon, présentent bien des effets pervers qui dissimulent une manne financière pour quelques-uns et un cauchemar pour tous les autres.

Cet accord vise officiellement à protéger la propriété intellectuelle au niveau international. Jusque-là tout va bien... Mais le terme de propriété intellectuelle est volontairement flou.

L'utilisation quotidienne et familiale de la culture par le grand public sur les réseaux sociaux risque de faire de chacun d'entre nous des délinquants en puissance.

Plus grave, certaines créations artistiques comme le DJing, le remix ou le bootleg, ainsi que l'exercice du droit de citation pour les journalistes, vont se compliquer davantage voir devenir impossible. Le site Internet que vous êtes en train de lire pourrait ainsi disparaitre...

Et notre liberté à tous sera menacée car la mise en œuvre des moyens de contrôle prévus par ACTA requière de la part des fournisseurs d'accès l'obligation de tracer et d'analyser toutes les données envoyées et reçues avec votre ordinateur.

A la clef, des sanctions automatiques (perte de l'abonnement Internet et des données personnelles), sans jugement ni procès.

Plus inquiétant encore, ACTA ouvre la voie aux brevets sur les logiciels et le vivant. Il suffira à une entreprise d'avoir eu l'opportunité de déposer en premier un brevet sur la chose la plus anodine (un algorithme, une molécule découverte dans la nature), pour ensuite la verrouiller complétement. C'est-à-dire que si ensuite vous avez par malheur la même idée, on vous empêchera de l'utiliser et vous serez forcé de payer une redevance au premier découvreur.

Ce sera la fin de la création indépendante, la fin des logiciels libres. ACTA aura également des conséquences dépassant le cadre des logiciels et d'internet, notamment dans le vivant.

Par exemple, les agriculteurs utilisant des OGM n'ont déjà même plus le droit de réutiliser les graines de la récolte précédente comme semence. Dans le domaine pharmaceutique, la production de médicaments génériques à bas cout sera impossible, privant d'accès aux soins les pays en voie de développement.

Pour dénoncer cette situation, les "Anonymous" se mobilisent à travers le monde. Mais qui sont ces fameux Anonymous ? Des pirates qui se remplissent les poches en pillant la culture ? Des terroristes ? Des adolescents geek déconnectés du monde réel ?

Pas du tout ; les Anonymous, ce sont des gens comme vous et moi, qui se sentent concernés en tant qu'artistes, en tant que créateur de logiciels libres, en tant qu'utilisateur d'Internet ou tout simplement en tant que citoyens.

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Ainsi ce samedi à Besançon, grâce à Facebook des Francs-Comtois se sont mobilisés et un rassemblement a été organisé en début d'après-midi sur la très bien nommée place de la révolution. Les réseaux sociaux montrent par la même, que loin d'être uniquement un moyen de perdre son temps sur Internet, ils peuvent être un véritable levier pour la démocratie. Les révolutions Arabes, que tout le monde salue comme une avancée majeure, n'auraient pas vues le jour sans Internet, qu'on se le dise.

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Qui sont donc les Anonymous Bisontins ? Des messieurs et madame-tout-le-monde ! Une petite trentaine d'étudiants et de salariés, simples utilisateurs d'internet ou informaticiens, se sont retrouvés sur la place de la révolution. Ils sont plutôt jeunes, mais sans pour autant être des adolescents ; pour fixer les idées, entre 20 et 35 ans.

Etant moi-même concerné par l'ACTA, d'abord en tant que créateur du logiciel libre CiDess, et ensuite en tant que journaliste indépendant, j'ai rejoint la manifestation. Je vous propose donc un reportage "en immersion".

Tout a été fait dans les règles, la manifestation a été déclarée à la préfecture auparavant. Les policiers qui sont venus nous encadrer "sont presque plus nombreux que nous" s'amuse une manifestante.

A l'heure du départ, les agents de police s'avancent vers nous et nous demandent nos papiers d'identités. L'un des agents consigne dans un carnet nos noms, prénoms et adresses. Un autre nous prend en photo discrètement avec un téléphone mobile. Cela choque quelque peu certains manifestants, cette pratique étant inhabituelle lors des manifestations et des grèves.

"On fait-quoi ?"
Il est décidé de se répartir en groupes de cinq, et d'interpeller les passants, pour leur distribuer les tracts imprimés pour l'occasion.

Ce n'est pas facile, on se fait souvent envoyer balader... dur dur, la vie de militant !

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Une des manifestantes, qui travaille dans le commerce, est plus à l'aise avec le public et nous donne des petits trucs.

A la fin de l'après-midi, nous avons réussi à sensibiliser environ 150 personnes.

C'est une petite pierre portée à l'édifice mais la mission est accomplie ; dans de nombreuses villes il s'est passé la même chose.

Penser global, agir local !

Avant de se quitter, nous échangeons nos coordonnées et faisons le point.

On constate d'abord que toutes les personnes abordées avaient tous une vision caricaturale du sujet, axée uniquement sur la fermeture de méga upload et le piratage de films et de musique. Il aura fallu expliquer à chacun les conséquences de l'ACTA sur le logiciel libre, la création indépendante et le vivant.

Néanmoins, les échanges que chacun d'entre nous a pu avoir avec les différentes personnes rencontrées dans la rue se sont révélés riches. Ensuite on se dit aussi qu'il faudra remettre ça, en étant plus nombreux et un peu mieux organisés. Rome ne s'est pas faite en un jour !

Pour conclure, si cet article a pour but de vous sensibiliser aux problèmes posés par ACTA, il a aussi pour objectif de vous montrer qu'organiser une manifestation est à la portée de tous, c'est une expérience enrichissante. La démocratie c'est vous !

Cliquez ici pour accéder à la page Facebook de la manifestation des Anonymous.

Cliquez ici pour accéder à la Quadrature du Net, ce site donne beaucoup d'explications.

Cliquez ici pour voir une vidéo indiquant le code de conduite à tenir lors des manifestations (en anglais, sous-titrée en français)


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